C’est par le biais d’une attention particulière, s’appuyant sur une méthodologie toute personnelle, que Jérôme Allavena aborde le dessin. Il s’agit pour lui de l’explorer, d’en prospecter les potentialités, de sonder son émergence, de décrypter ses processus. Pour cela, l’artiste définit des protocoles, sortes de règles de jeu, qu’il applique méthodiquement à divers supports (vidéo, animation numérique, gifs, pyrogravure, acrylique, sculpture, crayon sur papier, dessin mural au feutre…). Les productions générées construisent et déconstruisent l’image tout en faisant apparaître ses constituants et basculant régulièrement sa temporalité (inclusion d’une notion de durée). Devenu processus mental, le dessin qui en résulte n’est parfois compréhensible qu’à la lumière du processus appliqué.
La vidéo Émergence alterne deux actions du dessinateur ; le tracé d’un trait au crayon, vient délimiter le contour d’une forme grisée, elle-même obtenue par l’effacement au doigt du tracé précédent.
La « tâche » comme en expansion, s’étend peu à peu jusqu’à ce qu’elle ait complètement recouvert la surface filmée.
« J’explore, dans ce travail, le dessin dans son rapport au temps (d’où la vidéo) et d’une certaine manière, son rapport à la cartographie. Comme une île qui émerge, qui grandit, et dont les contours sont dessinés sous l’action du « doigt » et du regard de l’homme. » J.A.
La vidéo Niveaux est réalisée à partir d’une photographie numérique. "Cette image est complètement décomposée par couches successives : ce sont les courbes de niveau de la prise de vue numérique. En réalité on pourrait retrouver l’image complète seulement si on superposait toutes les couches les unes sur les autres. Ici, je m’efforce de lire une photographie comme je lirais une carte topographique. Une photographie, c’est un point de vue, et en séparant en couches cette image, on obtient une nouvelle temporalité de ce regard qui va venir balayer, voire analyser ce plan. À ceci près que les images se succédant les unes aux autres, chaque couche venant chasser la précédente, on obtient un effet de dégradations et d’effacement du paysage." J.A.
Si et seulement si (Huit pièces) "Les huit sculptures sont huit variations d’un module en apparence identique. Chaque module est composé d’un panneau pivotant dans un cadre en bois sur lequel se trouve un dessin. Il est la représentation d’un contenant, d’une possible caisse pouvant servir au transport ou au stockage. L’installation envisage ainsi les conditions d’une réciprocité entre le module et le dessin, le dessin déterminant la position du module." J.A.