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Artiste allemand sans conteste le plus important de l’après-guerre, Joseph Beuys, affirmant que « chaque homme est un artiste », a toujours donné un sens politique et social à son action. Le récit fondateur de l’activité artistique de Joseph Beuys se situe pendant la seconde guerre mondiale. Jeune pilote de l’armée de l’air allemande, Joseph Beuys va survivre à la chute de son avion dans les steppes sibériennes grâce aux soins prodigués par les nomades qui le recueillent et le soignent en enduisant son corps de graisse et en l’enveloppant dans du feutre. Tous les thèmes de ce récit mythique se retrouvent réunis pour expliquer le projet de sculpture sociale de l’artiste : le nazisme comme paroxysme d’une civilisation malade, la chute et la résurrection, l’extirpation du traumatisme grâce à l’art. Dès lors, il va chercher les moyens de guérir les plaies d’un monde moderne, malade et prisonnier de la rationalité et tenter de réconcilier l’homme avec lui-même. Artiste « chaman », il utilise dans ses œuvres, des matériaux emblématiques comme la graisse, le feutre, le miel ou le cuivre autant pour leurs propriétés physiques que leur valeur symbolique. Ses sculptures, ces performances et ses actions comme La Jambe d’Orwell, Pantalon pour le XXIème siècle nous mettent en garde contre le primat d’une raison technicienne qui ignore le potentiel créatif et énergétique de l’individu. Invité à Paris en 1984, par Nam June Paik qui réalise au Centre Pompidou Bonjour Monsieur Orwell, émission de télévision en hommage à « l’un des premiers prophètes des médias », Beuys intervient par deux actions. Un concert à trois pianos et un tableau vivant en compagnie de sa fille où deux jeans sont mis en scène. L’un porté et habité par le corps de sa fille dont l’image est renvoyée par un moniteur et l’autre, disposé au sol, troué au genou comme un réceptacle, une petite lumière fixée à l’ouverture, source d’énergie, d’images et d’idées, en réponse au scénario catastrophe de 1984. Notice : FRAC Poitou-Charentes/ID |
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