Œuvre historique de Marcel Broodthaers, l’Atlas est une impression sur papier tirée à part de l’édition de son dernier livre intitulé La conquête de l’Espace/Atlas à l’usage des artistes et des militaires. « Le plus petit atlas du monde » reproduit trente deux pays, représentés à une taille identique et non à une même échelle. Se côtoient ainsi l’Angleterre et l’Australie, l’Italie et Haïti, l’Allemagne et l’Afrique du Sud. Tâches noires, à la Rorschach, les formes de ces pays ne délivrent plus d’information de type géopolitique, mais évoquent plutôt un code, une nomenclature mystérieuse ou un alphabet crypté dans une spatialisation chère à l’artiste et poète qu’était Broodthaers, grand admirateur de Mallarmé et de Magritte.
« […] Émetteurs et non réceptacles, les montages de Broodthaers se refusent à combler le regard du spectateur. La confrontation entre les objets, les images et les mots ne prétend pas à l’autorité, elle installe une hésitation entre lire et regarder, sans résolution possible. En 1968, Broodthaers choisit de transformer d’une simple rature une « carte du monde politique » en Carte du monde poétique, indiquant le vrai territoire de son engagement. Les ratures, les fautes d’orthographes, les erreurs de la scription sont autant de signes. Formes d’accidents, elles renvoient aux flux de la pensée, au doute, à l’errement, à la fulgurance. […] » Extrait du texte de Marie Muracciole, « …Une fiction permet de saisir la réalité et en même temps ce qu’elle cache », in Le Portique [En ligne],
Notice : FRAC Poitou-Charentes/ID