|
|||||||||||||||||
Portraits de super-héros en aquarelle sur rince-doigts, peintures de lingerie fine sur lasagnes, épitaphes en bonbons sucés, « dessins » sur draps brûlés au chalumeau… Richard Fauguet annule avec bonheur le distinguo entre culture dite «savante» et culture dite «populaire» faisant cohabiter avec subtilité la diversité de provenance des images comme des matériaux. Volontairement hétéroclite, son travail échappe à toute tentative de catégorisation esthétique, manipulant avec facétie les mots, les objets et les images. Associations, hybridations, piratages, canulars, hommages et pieds de nez, toutes les manœuvres sont bonnes, seule compte la justesse de la trouvaille. Mu par la fantaisie érigée en principe, l’artiste déroute et brouille les cartes. Les héros des westerns spaghetti ou de Star wars côtoient les joueurs de l’équipe de foot locale ou les mannequins des catalogues de vente par correspondance, aspirant tous à la même postérité. Les personnages issus de l’histoire de l’art sont devenus des images de cartes postales et ornent nos tasses à café : alors Fauguet ramène leurs fantômes au musée. Silhouettes de Vénilia errant sur les murs, la petite danseuse de Degas converse avec le lapin de Jeff Koons, l’oiseau de Brancusi avec le chien de Giacometti non loin d’un coin de graisse de Beuys. Avec Gilbert & George (1996/98), les artistes anglais - désormais figés à travers ce qui pour l’époque l’était le moins : leur performance The Singing Sculpture (1969) - reviennent hanter les murs des institutions dont ils avaient pourtant contesté l’existence. Chez Fauguet, le paradoxe opère, le réel se montre dans son absurdité, sa vanité et son insignifiance mais aussi dans sa beauté et sa poésie ; la multiplication des points de vue apporte la contradiction et engendre une relativité salvatrice. Notice : FRAC PC/ID
|
|