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La lumière, l’énergie, les phénomènes électriques, essentiels au fonctionnement physiologique du corps humain comme à l’ensemble des activités humaines, sont au cœur de la démarche de Véronique Joumard. Elle en dégage les notions de circuits, de flux, de connexions et de réseaux, de pôle d’attraction (positif /négatif) et d’alternance (activé/désactivé, chaud/froid, lumière naturelle/lumière artificielle) qu’elle va décliner dans ses installations, ses sculptures et ses photographies. Caractérisées par une grande économie de moyen, ses œuvres, à l’aspect souvent minimal, travaillent à la structuration de l’espace, soulignent l’architecture, expérimentent et matérialisent ce qui est ordinairement intangible ou dissimulé : les flux d’énergie et leurs réseaux, les lois physiques fondamentales qui les régissent. Elles viennent révéler le rôle de l’interaction humaine, dans sa capacité à maîtriser, à gérer et inversement à perdre le contrôle de ce qui peut être ainsi généré et transmis, évoquant aussi les risques potentiels ou les accidents qui peuvent y être associés. L’œuvre Sans titre (1990) est composée de matériaux électriques d’usage courant, les câbles se répandent dans l’espace dans lequel ils sont installés et courent inertes au sol, démultipliant la menace réelle qu’ils représentent pour le spectateur qui ne peut éviter de les enjamber. Terminés par leurs embouts fonctionnels, comme prêts à être branchés, ces prolongateurs rendraient presque palpable le flux d’énergie qui les parcourt. Les longs rhizomes rappellent ici l’intérêt de Véronique Joumard pour le fonctionnement physiologique du système nerveux. Leur étalement évoque l’image fragmentaire d’une pensée étendue, les multiples bifurcations, connexions, fractures et mutations qui la génèrent en permanence.
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