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Le travail de Natacha Lesueur se concentre sur le corps et sa représentation. Elle s’attache aux textures, à la peau, aux artifices. Dans ses premières photographies, le papier glacé des magazines de mode retrouvait comme écho l’aspect brillant de la crème fraiche recouvrant des jambes ou celui des écailles de poissons accessoirisant des paupières. Des produits périssables remplaçaient ainsi le maquillage pour évoquer la nature éphémère des icônes. Le film présenté fait partie d’une récente série d’œuvres inspirées d’une célébrité, Carmen Miranda, véritable personnalisation de l’icône fabriquée par l’industrie du spectacle en réponse au contexte sociétal et politique de l’époque. Née au Portugal en 1909 et ayant grandi à Rio de Janeiro, Carmen Miranda connaît très jeune un succès en tant que chanteuse de samba. Elle est facilement identifiable par ses costumes de scène inspirés des femmes de Bahia, les descendantes des esclaves. Le personnage pittoresque et excentrique créé par Carmen séduit en dehors des frontières. Elle incarne la caricature d’une femme latine sensuelle et ingénue. Elle est accueillie à bras ouverts aux USA en 1939. Roosevelt y voit une façon d’entretenir un bon voisinage avec l’Amérique latine afin de l’empêcher de rejoindre l’Axe. Piégée dans son personnage caricatural, Carmen Miranda adapte ses chansons et ses attitudes au goût Hollywoodien et vit un succès tout au long des années 40. Elle sera à son apogée la femme la plus payée des États-Unis. Aimée sur le territoire américain, elle est au contraire décriée dans toute l’Amérique latine : on lui reproche une attitude «trop négroïde», trop «bimbo latina», trop inauthentique, trop condescendante… Elle se retrouve ainsi à incarner deux pôles : d’un côté «un bouffon en jupons» mis au service des bonnes relations nord/sud et, de l’autre, une femme forte capable d’autodérision en proclamant «I make my money with bananas». Le film sans titre de Natacha Lesueur est une boucle dans laquelle le personnage de Carmen Miranda est présenté telle une danseuse de boîte à musique. Elle est coiffée de fruits gâtés et l’artifice permettant de tenir la jambe levée est clairement affiché. La posture est empruntée à celle d’une photo volée sur le tournage de Week-end in Havana et publiée dans le livre Hollywood Babylon II de Kenneth Anger. Sa jupe y était soulevée, elle ne portait pas de sous-vêtement, Natacha Lesueur y place des rubis. Elle est offerte. Il n’y a plus rien de naturel dans l’attitude de cette icône, réduite au spectacle permanent.

notice FRACPC/HD

 

 

 

Chez Natacha Lesueur, le corps (têtes, mollets, troncs et dos de ses modèles) apparaît savamment maquillé et accessoirisé par de la nourriture, ou plus précisément par des préparations culinaires, où l’aliment, dans sa couleur et sa forme - et son goût - devient l’ornement, paradoxalement sublimé et présenté par le corps. Sortes de vanités baroques, ses photographies résultent d’un temps de préparation et de mise en scène où tout est soigneusement composé et arrangé. Bien que pouvant apparaître au premier regard comme de magnifiques trompe-l’œil, ses images ne dissimulent pourtant rien et laissent transparaître sous le motif décoratif et éphémère, le défaut (les aspérités, les imperfections et la singularité de chacun des corps) mais aussi l’entrave et la meurtrissure. Subtilement le maquillage s’apparente au marquage comme dans sa « série des sinapismes » (cataplasmes à la moutarde) présentée ici, où par irritation de la peau elle redessine un test optique porté comme un tatouage.
Loin de l’asepsie des photos de mode esthétiques et branchées, l’artiste cultive l’ambiguïté et l’étrangeté. Ces modèles (hommes et femmes) sont-ils maquillés, parés ou donnés en pâture, suggestivement livrés au regard du spectateur ? Dans un étrange mélange de plaisir et de répulsion, leur beauté objectivée et offerte bouscule et subjugue. Questionnant ce que l’on voit (ce que l’on goûte) comme ce que l’on imagine, son travail subvertit le dispositif photographique lui-même, et au-delà, l’esthétique et les critères qui déterminent aujourd’hui la représentation et l'objectivation du corps (féminin et masculin) à travers la production des images tant artistiques que médiatiques. À l’heure des manipulations biologiques, des procédés de clonage, de la fascination des corps standardisés sous un label de beauté, les images de Natacha Lesueur nous rappellent que le corps est codifié par les valeurs sociales et que, démaquillé de ces signes, il reste démuni, énigmatique et paradoxal.

notice FRACPC/ID

Historique
Restauration

 


Natacha Lesueur

Née en 1971, vit et travaille à Nice et Paris.

 


natacha Lesueur, sans titre, 2010

Sans titre

2010

film 35 mm
1'14'' - projection en boucle

acquisition 2015 | à l'artiste

n° inv. 015.44.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 

 

Natacha Lesueur, Sans titre, coll. FRAC PC

Sans titre

1997

photographie couleur plastifiée
100 x 70 cm

acquisition 1998 | à L'atelier Soardi, Nice

n° inv. 998.35.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 

 

Natacha Lesueur, coll. FRAC PC

Sans titre

2000

ilfochrome, acrylique, PVC
102,8 x 128,5 cm

acquisition 2000 | à L'atelier Soardi, Nice

n° inv. 000.4.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 

 

Natacha Lesueur, coll. FRAC PC

Sans titre

2000

ilfochrome, acrylique, PVC
130,2 x 103 cm

acquisition 2000 | à L'atelier Soardi, Nice

n° inv. 000.5.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 

 

Natacha Lesueur, coll. FRACPC

Sans titre

2002

photographie couleur contrecollée sur aluminium,
plastification ultrabrillante
124 x 100 cm

acquisition 2003 | à la galerie Praz-Delavallade, Paris

n° inv. 003.21.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 

 

 

Natacha Lesueur, coll. FRAC PC

Sans titre

2003

photographie couleur contrecollée sur aluminium,
plastification ultrabrillante
109,5 x 87,5 cm

acquisition 2003 | à la galerie Praz-Delavallade, Paris

n° inv. 003.22.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : ©Natacha Lesueur
©Paris, ADAGP

 

 

 
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