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L’Hôtel de l’Harpe (2001) est une installation multimédia qui joue sur l’association de l’image et de l’écriture à travers le détournement du portail d’accès Internet Yahoo. Ce portail - à l’origine une base de données à caractère informatif et publicitaire - reçoit ici tous les éléments inventés d’une fiction conçue par l’artiste. Sammy Engramer en détourne la fonction première, tout en conservant le principe de construction informatique et l’identité graphique. Sous la forme du cédérom et aussi (à l’origine) du site : http//:www.lhoteldelharpe.fr, consultables dans l’exposition comme chez soi, L’Hôtel de l’Harpe accueille la biographie et l’œuvre d’un personnage fictif (un musicien devenu directeur d’hôtel) nommé Jacques Roque. Grâce à l’arborescence de l’outil informatique, l’artiste invite chacun à se construire sa propre fiction et ses propres images à partir des éléments de base qu’il propose. On y trouve donc toutes les formes de narration possibles : du conte à l’interview journalistique. Ces « exercices de style » (en clin d’œil à Raymond Queneau) sont associés à des images qui combinent avec humour et jusqu’à l’excès tous les effets « artistiques » des logiciels de graphisme. Au mur, en complément du CD-Rom, l’image numérique compile délibérément les indices de narration et échantillonne aussi ces effets graphiques. L’humour décalé et la désinvolture avec laquelle l’artiste traite le sujet, l’ironie et la distance qu’il instaure avec le médium numérique (à la façon d’un Jacques Tati ou des Marx Brothers auxquels l’œuvre fait directement référence) soulèvent insidieusement la question des enjeux culturels d’un tel médium.
Notice : FRAC PC/ID
Dans la lignée de Marcel Broodthaers, Sammy Engramer développe un travail qui traduit son intérêt pour le langage, le sens et les images dans leurs collisions comme dans leurs collusions. Oscillant entre graphie et image, ses œuvres jouent sur leur lisibilité comme sur leur visibilité, sur la confusion opérée entre signifiants et signifiés, entre jeux de mots et traits d’esprit et sont à lire comme à regarder.
Pour Eyesong, l’artiste joue à la fois entre l’objet disque, l’évocation d’un œil et des titres de chansons comprenant le mot œil ou eye. « Je m’intéresse au fait qu’un objet devienne suspect, qu’on puisse le suspecter de ne pas représenter ce qu’il devrait à première vue dire, signaler, montrer. » Globalement, la forme blanche du 45 tours, dont la couleur du cercle central est déclinée pour chacun, évoque la cornée, l’iris et la pupille de l’œil. La référence au disque apparaît dans un rapport plus proche à l’œuvre, à la lecture d’un nom de groupe et d’un titre de chanson. Cependant cet objet disque ne peut communiquer par le son. De l’audible, il bascule au visible et au lisible en convoquant d’autres signes. L’œuvre questionne ce faisant la possibilité de la synesthésie.
Il se dessine alors comme une discographie idéale, puisée dans les références de l’artiste mais sélectionnée selon un mode objectif, déterminé par un vocable précis et extérieur à toute période ou tout genre musical. Se croisent alors la folk (Crosby, Stills and Nash, Judy Blue Eyes), l’électro-rock (The Chemical Brothers, My Elastic Eye) ou encore le métal (AC/DC, Dirty Eyes). « J’essaie de savoir pourquoi je désire tant produire des objets différents, tout en sachant qu’il y a un lien commun, qui correspondrait à un état d’esprit plutôt qu’à un style. »
Notice : FRAC PC |
Sammy Engramer et David Foucher
Né en 1968 à Blois, vit et travaille à Tours
/ Né en 1974, vit et travaille à Deuil-La-Barre.
L'Hôtel de l'Harpe
2001
installation, CD-Rom, tirage numérique contrecollé (90 x 130 cm)
acquisition 2002 | à l'artiste
n° inv. 002.7.1
Collection FRAC Poitou-Charentes
photo : Richard Porteau
©Paris, ADAGP
Sammy Engramer
Eyesong
2009
17 monotypes, impressions sur verre
diamètre : 17,5 cm
acquisition 2010 | à gdm, Paris
n° inv. 010.20.1 à 17
Collection FRAC Poitou-Charentes
photos : Richard Porteau / Sammy Engramer
©Paris, ADAGP
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