Dans ses premiers travaux, Olivier Zabat se met en scène en tant qu’artiste, questionnant à travers la figure de l’autoportrait, le statut de l’œuvre et celui de l’artiste. La photographie lui permet de fabriquer des mises en scène efficaces, jouant sur l’illusion, où l’artifice est directement perçu et compris par le regardeur. Dans Élévation, l’image vient immédiatement contredire le titre qui pourrait sous-entendre une certaine grandeur et beauté du geste (intellectuel ou physique) : l’artiste pose, l’air suffisant, porté par un nain. Ce socle humain, forcément limité dans ses possibilités, ne le grandit qu’à peine, et cet autoportrait volontairement caustique, à l’échelle un, semble détourner l’adage populaire « on a toujours besoin d’un plus petit que soi ». Caricature de l’artiste usant d’artifices, Olivier Zabat utilise la figure du nain telle qu’elle fut employée dans la peinture classique (chez Vélasquez par exemple) comme contraste entre ce qui serait la perfection et l’imperfection, comme métaphore d’un ordre naturel et social. Au-delà, l’artiste cherche à déstabiliser la réception que l’on a d’une œuvre, qui elle aussi tend à se conformer à la norme (ici l’on pourrait s’indigner par exemple), affirmant que l’œuvre ne dispense ni morale ni vérité, assumant le doute que peut (et que doit) avoir le spectateur sur les intentions réelles de l’artiste.
Olivier Zabat travaille sur la dualité intrinsèque de la censure imposée aux images pornographiques. Cette contrainte, qui oblige à cacher une partie du corps ou un acte sexuel, obtient généralement les effets inverses. Partant d’une démarche masquante, la censure devient au contraire évocatrice. Olivier Zabat cherche à connaître les limites de ce pouvoir suggestif tout en jouant sur notre capacité de lecture des images qui touchent à la sexualité. En voilant l’ensemble d’une scène dans Nique 2 (1993), par ce qui pourrait sembler être fait pour nous ménager et qui s’avère être une tranche de jambon plaqué sur une vitre, l’artiste place le spectateur en position de voyeur - devant la scène et néanmoins de l’autre côté de la vitrine. «Cru», «industriel» et «consommable», l’artiste joue ici sur l’analogie critique et sémantique qui s’établit entre viande, sexe et images bon marché.
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